[<] Diagonalisabilité et endomorphismes induits [>] Calcul de puissances d'une matrice

 
Exercice 1  859  Correction  

Soient P𝕂[X] et u un endomorphisme d’un 𝕂-espace vectoriel E de dimension finie.

  • (a)

    On suppose que u est diagonalisable, montrer que P(u) l’est aussi.

  • (b)

    Que dire de la réciproque?

Solution

  • (a)

    Une base de vecteur propre de u est aussi une base de vecteur propre de P(u).

  • (b)

    La réciproque n’est pas vraie en toute généralité comme le montre le cas d’un polynôme constant.
    En revanche, on peut montrer que la réciproque est vraie si deg(P)=1.

 
Exercice 2  862   Correction  

Soient E un -espace vectoriel de dimension finie et u un endomorphisme de E.
Soit P un polynôme complexe, on suppose que P(u) est diagonalisable et que la valeur prise par P sur toute racine complexe de P n’est pas valeur propre de l’endomorphisme P(u).
Montrer que u est diagonalisable.

Solution

Soient λ1,,λn les valeurs propres deux à deux distinctes de P(u).
Posons

Q=k=1n(X-λk)

Q est un polynôme annulateur de P(u) donc

k=1n(P(u)-λkIdE)=0~.

Posons Qk=P-λk. Le polynôme k=1nQk est annulateur de u et les racines d’un polynôme Qk sont distinctes de celles d’un polynôme Q avec k car λkλ.
De plus, si α est racine multiple de Qk alors P(α)=λk et Qk(α)=P(α)=0 ce qui est exclu par hypothèse.
Par conséquent, le polynôme k=1nQk est scindé simple donc u est diagonalisable.

 
Exercice 3  5450     MINES (PSI)Correction  

Soient A et B deux matrices diagonalisables de n(𝕂).

Montrer que les matrices A et B commutent si, et seulement si, il existe une matrice diagonalisable C de n(𝕂) et deux polynômes P et Q de 𝕂[X] tels que

A=P(C)etB=Q(C).

Solution

() C’est immédiat car des polynômes en une même matrice commutent entre eux.

() Supposons que A et B commutent. On sait alors que les matrices A et B sont simultanément diagonalisables. Il existe donc UGLn(𝕂) telle que

A=UDU-1etB=UDV-1

avec D=diag(λ1,λ2,,λn) et D=diag(μ1,μ2,,μn).

Considérons alors

C=UΔU-1 avec Δ=diag(1,2,,n).

La matrice C est diagonalisable. Si l’on introduit P𝕂[X] un polynôme interpolateur de Lagrange tel que P(i)=λi pour i=1,,n, on observe P(C)=A. De la même façon, on forme Q𝕂[X] tel que Q(C)=B.

 
Exercice 4  2524     CCINP (MP)Correction  

Soient A,BGLn() telles que B=Ap.
Montrer que A est diagonalisable si, et seulement si, B l’est.

Solution

Si A est diagonalisable, on peut écrire A=PDP-1 avec P inversible et D diagonale. On a alors B=Ap=P-1DpP avec Dp diagonale et donc B est diagonalisable.
Inversement, si B est diagonalisable alors il existe un polynôme annulateur de B scindé à racines simple de la forme

k=1m(X-λk).

De plus, puisque B est inversible, on peut supposer les λk tous non nuls.

Sachant B=Ap, le polynôme

k=1m(Xp-λk)

est annulateur de A. Or ce dernier est scindé à racines simples car

  • les facteurs Xp-λk et Xp-λ (avec k) ont des racines deux à deux distinctes;

  • les racines de Xp-λk sont toutes simples (car λk0).

On en déduit que A est diagonalisable.

 
Exercice 5  861   Correction  

Soient E un -espace vectoriel de dimension finie n* et u(E).

  • (a)

    Énoncer un critère de diagonalisabilité en terme de polynôme annulateur.

  • (b)

    On suppose uGL(E). Montrer que u est diagonalisable si, et seulement si, u2 l’est.

  • (c)

    Généralisation: Soit P[X]. On suppose P(u)GL(E). Montrer que u est diagonalisable si, et seulement si, P(u) l’est.

Solution

  • (a)

    Deux énoncés possibles:

    • u est diagonalisable si, et seulement si, u annule un polynôme scindé à racines simples;

    • u est diagonalisable si, et seulement si, le polynôme minimal de u est scindé à racines simples.

  • (b)

    Si u est diagonalisable, il est clair que u2 l’est aussi.

    Inversement, si u2 est diagonalisable alors son polynôme minimal est scindé à racines simples. Il s’écrit (X-λ1)(X-λp) avec λ1,,λp les valeurs propres de u. Puisque uGL(E), 0 n’est pas valeur propre de u et donc aucun des λi n’est nul.

    Notons αi et βi les deux solutions (distinctes) complexes de l’équation z2=λi.

    Puisque

    (u2-λ1Id)(u2-λpId)=0

    on a

    (u-α1Id)(u-β1Id)(u-αpId)(u-βpId)=0.

    Ainsi, u annule un polynôme scindé à racines simples. Par suite, u est diagonalisable.

  • (c)

    Si u est diagonalisable alors P(u) l’est aussi.

    Inversement, si P(u) est diagonalisable alors son polynôme minimal est scindé à racines simples. Il s’écrit (X-λ1)(X-λp) où les λi sont les valeurs propres de P(u).

    Le polynôme (P(X)-λ1)(P(X)-λp) est alors annulateur de u.

    Les facteurs P(X)-λi sont sans racines communes.

    Le polynôme minimal M de u divise (P(X)-λ1)(P(X)-λp).

    Si ω est racine au moins double de M alors ω est racine au moins double de l’un des facteurs P(X)-λi donc racine de P.

    Or ω est aussi valeur propre de u donc P(ω)=0 est valeur propre de P(u). Cependant, P(u)GL(E), et cela est donc impossible.

    Par suite, les racines de M sont simples et u est diagonalisable.

 
Exercice 6  5985     CCINP (MP)Correction  

Soit An() inversible.

  • (a)

    Soient P[X] un polynôme unitaire annulateur de A2 de degré p* et λ1,,λp ses racines comptées avec multiplicité. On pose Q=P(X2). Que peut-on dire de Q? Exprimer Q sous forme d’un produit de facteurs irréductibles.

  • (b)

    Montrer que A est diagonalisable si, et seulement si, A2 l’est.

  • (c)

    Soit

    M=(0AA0)2n()

    Montrer que M est diagonalisable si, et seulement si, A l’est.

Solution

  • (a)

    Le polynôme Q est annulateur de A.

    Puisque P est scindé unitaire de racines λ1,,λp comptées avec multiplicité,

    P(X)=j=1p(X-λj)

    donc

    Q(X)=j=1p(X2-λj)

    On écrit λj=ρjeiθj avec ρj=|λj| et θj un argument de λj. On peut alors factoriser Q

    Q(X)=j=1p(X-λjeiθj/2)(X+λjeiθj/2)
  • (b)

    () Si A est diagonalisable, il existe QGLn() et DDn() tels que A=QDQ-1. On a alors A2=QD2Q-1 avec D2 matrice diagonale: A2 est diagonalisable.

    () Si A2 est diagonalisable, on peut introduire P son polynôme minimal que l’on sait scindé à racines simples. Au surplus, les racines de P sont les valeurs propres de A2. Puisque A est inversible, A2 l’est aussi et donc 0 n’est pas valeur propre de P. En reprenant les notations de la question précédente, les λ1,,λp sont deux à deux distincts et non nuls. Le polynôme Q est alors scindé à racines simples puisque les ±λjeiθj/2 sont deux à deux distincts. Ainsi, A est diagonalisable car annule un polynôme scindé à racines simples.

  • (c)

    Par permutation des rangées,

    rg(M)=rg(0AA0)=rg(A00A)=2n

    car A est inversible.

    Par le résultat qui précède, M est diagonalisable si, et seulement si, M2 est diagonalisable.

    Or

    M2=(A200A2)

    Les polynômes annulateurs de M2 sont les polynômes annulateurs de A2 et donc M2 est diagonalisable si, et seulement si, A2 l’est c’est-à-dire si, et seulement si, A est diagonalisable.

 
Exercice 7  860    

Soit f un endomorphisme d’un espace vectoriel complexe E de dimension finie n1.

  • (a)

    On suppose que f est diagonalisable. Montrer que f2 est diagonalisable et que les noyaux de f et f2 sont égaux.

On étudie désormais la propriété réciproque.

  • (b)

    Par un exemple, montrer que si f2 est diagonalisable, f n’est pas nécessairement diagonalisable.

  • (c)

    On suppose f2 diagonalisable et f inversible. Montrer que f est diagonalisable.

  • (d)

    On suppose f2 diagonalisable et Ker(f)=Ker(f2). Montrer à nouveau que f est diagonalisable.

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Édité le 20-09-2024

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