[<] Théorème de Cayley Hamilton [>] Calcul de polynôme minimal
Soit un endomorphisme d’un -espace vectoriel de dimension finie.
Si est un sous-espace vectoriel stable par , montrer que le polynôme minimal de divise le polynôme minimal de .
Solution
annule ce qui signifie
A fortiori,
Ainsi, annule et donc le divise.
Soient un -espace vectoriel de dimension finie et .
On suppose qu’il existe deux sous-espaces vectoriels supplémentaires et stables par .
Établir que (en notant le polynôme minimal d’un endomorphisme ).
Solution
annule donc aussi l’endomorphisme induit . Ainsi, . De même, donc .
Inversement, si alors pour tout , et pour tout , . Soit . On écrit avec et et l’on a
Ainsi, annule puis .
Par double divisibilité, .
Soit une matrice telle que et la famille soit libre. Calculer .
Solution
Le polynôme est annulateur de et l’hypothèse de liberté assure qu’il n’existe pas de polynôme annulateur non nul de degré strictement inférieur à . On en déduit que est exactement le polynôme minimal de . Celui-ci étant de degré , c’est aussi le polynôme caractéristique de et ses racines sont exactement les valeurs propres de comptées avec multiplicité. Celles-ci sont les racines de l’unité, elles sont simples et leur somme est nulle. On en déduit .
Existe-t-il dans une matrice de polynôme minimal ?
Solution
Cas: est impair. Le polynôme caractéristique d’une matrice de étant de degré impair, il possède une racine qui sera valeur propre de la matrice et aussi racine de son polynôme minimal. Celui-ci ne peut alors être le polynôme .
Cas: est pair. Considérons
n’est pas une homothétie donc le degré de son polynôme minimal est supérieur à . De plus, et annule donc . Au final, est polynôme minimal de .
Le polynôme peut-il être le polynôme minimal d’une matrice de ?
Solution
Une matrice réelle de taille impaire possède au moins une valeur propre réelle. Celle-ci est alors racine de son polynôme minimal. Cependant, le polynôme ne possède pas de racines réelles comme en témoigne la factorisation
Le polynôme ne peut donc pas être le polynôme minimal d’une matrice de .
Soit une matrice inversible.
Comparer les polynômes minimaux de et .
Solution
Notons et les polynômes minimaux des matrices et .
Les racines de sont les valeurs propres de . Puisque est inversible, n’est pas valeur propre de et donc . En notant , le polynôme minimal de s’écrit
et donc
En multipliant par ,
On en déduit que
est annulateur de et donc divise . Par conséquent, . Par un raisonnement symétrique, et donc .
Le polynôme divise et ces deux polynômes sont de mêmes degrés, ils sont donc associés. Puisque est unitaire, on conclut
Autrement dit,
Soient un endomorphisme d’un -espace vectoriel de dimension finie et .
Montrer que est inversible si, et seulement si, et le polynôme minimal sont premiers entre eux.
Solution
Si et sont premiers entre eux alors, par l’égalité de Bézout, il existe tels que donc . L’endomorphisme est alors inversible et .
Si et ne sont pas premiers entre eux alors on peut écrire avec le pgcd de et . On a donc alors que puisque . L’endomorphisme ne peut alors être inversible car
Soit un endomorphisme d’un espace vectoriel complexe de dimension finie non nulle de polynôme minimal .
Soit . Justifier l’existence d’un unique polynôme unitaire vérifiant, pour tout ,
Soient et deux vecteurs de . On suppose que et sont premiers entre eux. Déterminer .
Soient une valeur propre de et sa multiplicité dans le polynôme minimal . Montrer l’existence d’un vecteur tel que .
Conclure qu’il existe un vecteur de tel que .
Soient et
Quels sont les tels que ?
Solution
On remarque
On en déduit
La matrice est donc diagonalisable semblable à . Par suite,
Les polynômes annulateurs de sont exactement les multiples de .
Montrer qu’une matrice de polynôme minimal est semblable à une matrice diagonale par blocs avec des blocs diagonaux de la forme
Solution
Considérons . On a .
Soit l’endomorphisme de dont la matrice est dans la base canonique.
On a donc .
Soit une base de complétée en base de .
Pour tout , considérons tel que .
Supposons .
On appliquant à cette relation, on obtient donc .
La relation initiale devient qui entraîne .
Finalement, la famille est libre et puisque formée de vecteurs de , c’est une base de .
La matrice de dans la base a alors ses coefficients tous nuls sauf coefficients sur la sur-diagonale.
La matrice est donc semblable à la matrice précédente et est semblable à une matrice de la forme voulue.
Soit une matrice non nulle élément de . Pour , on pose
Determiner les valeurs de pour lesquelles la famille est libre.
Solution
Soit un un polynôme annulateur non nul de ,
Pour toute matrice de ,
et donc
La famille est alors liée.
Inversement, supposons la famille liée et introduisons une relation linéaire
Considérons le polynôme
On constate
En particulier, cela vaut pour les matrices élémentaires et l’on en déduit que les coefficients de la matrice sont tous nuls.
En résumé, la famille est libre si, et seulement si, est strictement inférieur au degré du polynôme minimal de .
On note et l’on pose, pour toute et tout ,
L’opérateur est-il un automorphisme de ?
Existe-t-il un sous-espace vectoriel de de dimension finie stable par ?
Solution
L’application est évidemment linéaire et est à valeurs dans .
Soit . Montrons que l’équation admet une solution unique.
Unicité: Si alors est solution sur de l’équation différentielle linéaire vérifiant . Par le théorème de Cauchy, cela détermine de façon unique et donc aussi.
Existence: La dérivée de la fonction solution vérifiant est solution.
Soit un sous-espace vectoriel de dimension finie stable par . Notons l’endomorphisme de défini par
Puisque est stable par , est aussi stable par . L’endomorphisme induit par sur le sous-espace vectoriel de dimension finie admet un polynôme minimal . On a alors, pour tout , l’égalité
donc
De plus, on a les conditions initiales ce qui donne puis . Ainsi, .
Finalement, l’espace nul est le seul espace de dimension finie stable par .
Soient un espace vectoriel réel de dimension finie, et deux endomorphismes de vérifiant
Calculer
Soit un polynôme. Montrer que si alors .
En déduire que est un endomorphisme nilpotent.
Solution
Par récurrence,
Par linéarité,
Par suite, si , alors .
Soit le polynôme minimal de l’endomorphisme .
annule donc aussi. Par minimalité de , . Pour des raisons de degré et de coefficients dominants, avec . On en déduit et donc est nilpotent.
Soit un endomorphisme diagonalisable d’un espace vectoriel de dimension . Démontrer l’équivalence entre:
(i) est une famille libre;
(ii) il existe tel que est une famille libre.
Solution
(ii)(i) Immédiat (sans même employer la diagonalisabilité de ).
(i)(ii) Supposons la famille libre. Le polynôme minimal de est de degré au moins . Or il divise et il est donc de degré exactement . De plus, ses racines sont les valeurs propres de et celles-ci sont simples car est diagonalisable. On en déduit que admet valeurs propres distinctes. Dans une base de diagonalisation, la matrice de est de la forme
Considérons alors . Pour ,
et donc
On reconnaît une matrice de Vandermonde. Celle-ci est inversible car les scalaires sont deux à deux distincts. On en déduit que la famille est libre (et c’est donc une base).
Soit un -espace vectoriel de dimension et un endomorphisme de . On dit que l’endomorphisme est cyclique s’il existe tel que soit base de .
On suppose diagonalisable. À quelle condition l’endomorphisme est-il cyclique?
On revient au cas général.
On suppose l’endomorphisme cyclique. Déterminer le polynôme minimal de .
On suppose le polynôme minimal de de degré . Montrer que l’endomorphisme est cyclique.
Solution
Notons une base de diagonalisation de . On écrit avec .
Pour . On écrit et l’on a . La famille est une base si, et seulement si, son déterminant est non nul.
Si l’endomorphisme est cyclique, il existe tel que le déterminant ci-dessus soit non nul ce qui entraîne que les sont deux à deux distincts.
Inversement, si les sont deux à deux distincts, on peut déterminer un convenable en prenant par exemple de sorte que soit non nul.
Le polynôme minimal divise le polynôme caractéristique. S’il est de degré strictement inférieur à , l’identité affirme que la famille est liée pour tout de et l’endomorphisme n’est pas cyclique.
Montrons la propriété suivante:
« Si le polynôme minimal d’un endomorphisme est de degré , il existe un vecteur de l’espace tel que la famille est libre »
Pour fixé, il est clair que constitue un idéal de . Il existe donc un polynôme qui le génère. Il est entendu que divise et notre objectif et d’établir qu’il existe vérifiant .
Commençons par le cas où avec irréductible et . Pour tout , divisant , il est de la forme avec . Si pour tout de , on a annulateur de ce qui contredit l’hypothèse de départ. Ainsi, il existe tel que .
Passons au cas général avec polynômes irréductibles deux à deux distincts. Par le lemme des noyaux
L’espace est stable par , on peut introduire l’endomorphisme induit et son polynôme minimal . Clairement, divise et le produit des est divisible par de sorte que .
Par l’étude particulière d’au-dessus, il existe dans tel que (pour l’endomorphisme ). Considérons alors égal à la somme de .
Si alors
Par somme directe puis divise . Enfin, les étant deux à deux premiers entre eux, on peut conclure que divise et finalement .
Soit un endomorphisme d’un -espace vectoriel de dimension finie .
Montrer que la multiplicité de en tant que racine du polynôme minimal est le plus petit entier naturel vérifiant
Montrer que le polynôme minimal et le polynôme caractéristique d’une matrice réelle ont exactement les mêmes facteurs irréductibles.
Soient un -espace vectoriel de dimension et un endomorphisme de .
On note le polynôme caractéristique de .
Soient et deux sous-espaces vectoriels de stables par et tels que . On note et les polynômes caractéristiques des endomorphismes induits par sur et .
Montrer .
On considère la décomposition en facteurs irréductibles
Montrer que pour tout , .
Montrer que le polynôme minimal de est égal à si, et seulement si, pour tout , .
Solution
Dans une base adaptée à l’écriture , la matrice de est diagonale par blocs avec des blocs diagonaux figurant les endomorphismes induits par sur et . En calculant les polynômes caractéristiques par cette représentation matricielle, la relation est immédiate.
Commençons par un résultat préliminaire: Si est un polynôme irréductible unitaire et si annule alors le polynôme caractéristique de s’écrit .
Raisonnons matriciellement. Soit . On suppose que annule . Le polynôme minimal de divise , il est donc de la forme avec . Les valeurs propres complexes de sont exactement les racines de donc les racines de . Les valeurs propres complexes de sont aussi les racines de . Enfin, le polynôme est réel et donc, que le polynôme soit de la forme ou de la forme avec des racines conjuguées, on peut écrire .
Revenons au sujet. Le polynôme caractéristique de étant annulateur et les polynômes étant deux à deux premiers entre eux, on peut appliquer le lemme de décomposition des noyaux pour écrire
On peut introduire les endomorphismes induits par sur les espaces .
En notant le polynôme caractéristique de , la question précédente donne
Sachant , l’étude liminaire permet d’écrire . On a donc simultanémement
Par unicité de la décomposition en facteurs irréductibles, on a . On peut alors conclure
Supposons . Le polynôme s’écrit
Par le lemme de décomposition des noyaux
Il est alors impossible que pour tout car alors
Inversement, supposons .
Commençons par établir que si est un polynôme irreductible unitaire
Considérons l’endomorphisme induit par sur . On a et le polynôme caractéristique de est donc de la forme avec . On en déduit .
Puisque , on a pout tout
(sinon, on pourrait définir un polynôme annulateur \ogplus petit\fg que ).
Par l’étude classique des noyaux itérés, on sait, pour endomorphisme,
En considérant, , on obtient la succession
où chacune des dimensions est multiple de . On peut conclure
Étant donné un espace vectoriel de dimension finie, un endomorphisme de et un scalaire, on dit que est séparable si le noyau et l’image de sont supplémentaires.
Montrer que tout scalaire non séparable de en est une valeur propre.
Montrer qu’un endomorphisme scindé est diagonalisable si, et seulement si, toutes ses valeurs propres sont séparables.
Caractériser la séparabilité d’une valeur propre à l’aide du polynôme minimal de .
Soit, avec ces notations, l’endomorphisme de qui à associe .
Comparer l’ensembles ses scalaires séparables relativement à avec celui des scalaires séparables relativement à .
Solution
Si alors car est inversible.
On en déduit que est séparable.
Par contraposée, si n’est pas séparable alors est valeur propre de .
Si est un endomorphisme diagonalisable alors pour tout scalaire , .
Par suite, et l’on en déduit que est séparable.
Inversement, soit un endomorphisme scindé dont toutes les valeurs propres sont séparables.
Puisque le polynôme caractéristique de est scindé, on peut écrire
et par le lemme de décomposition des noyaux
Or, pour toute valeur propre , entraîne puis par le principe des noyaux itérés . Par suite,
et donc est diagonalisable
Soit une valeur propre de . Le polynôme minimal de peut s’écrire
donne
Si est une valeur propre séparable alors et donc
puis le polynôme annule . Par minimalité de , on conclut .
Inversement, si est une racine simple du polynôme minimal, alors
Puisque les polynômes et sont premiers entre eux, on peut écrire
et en évaluant
avec (car est annulateur) et .
Ainsi, est une valeur propre séparable.
Finalement, les scalaires non séparables sont les racines multiples de .
, ,… pour tout polynôme .
Par suite, les endomorphismes et ont les mêmes polynômes annulateurs et donc le même polynôme minimal. Puisque les scalaires non séparables sont les racines multiples du polynôme minimal, les endomorphismes et ont les mêmes valeurs séparables.
Soient une norme sur et la norme sur qui lui est subordonnée.
Soit . On suppose que est valeur propre de et .
Montrer que est racine simple du polynôme minimal de .
Solution
Cas: est la seule valeur propre de . La matrice est alors semblable à une matrice triangulaire supérieure avec des coefficients diagonaux tous égaux à 1. Cela permet d’écrire avec inversible et
Notons l’élément d’indice de cette matrice.
Par une récurrence facile, on vérifie
Or , donc puis
et enfin
Or
On en déduit .
Par ce principe, on peut annuler successivement chaque coefficient de la sur-diagonale de puis chaque coefficient de la sur-diagonale suivante etc.
Au final; puis et le polynôme minimal de est .
Cas général: Le polynôme minimal de s’écrit avec .
Par le lemme de décomposition des noyaux, avec et .
Notons la matrice de l’endomorphisme induit par sur le sous-espace vectoriel stable . On vérifie que est la seule valeur propre de et que . L’étude qui précède assure alors que et donc le polynôme annule sur . De plus, le polynôme annule sur donc le polynôme annule sur . Puisque n’est pas racine de , n’est que racine simple du polynôme minimal .
[<] Théorème de Cayley Hamilton [>] Calcul de polynôme minimal
Édité le 09-06-2025
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