[>] Lemme de décomposition des noyaux

 
Exercice 1  4308  

Soient u un endomorphisme d’un 𝕂-espace vectoriel E et P un polynôme de 𝕂[X].

Montrer que, si λ𝕂 est valeur propre de u, P(λ) est valeur propre de P(u).

 
Exercice 2  4314   

Soit u un endomorphisme d’un 𝕂-espace vectoriel E de dimension n1.

On suppose qu’il existe un vecteur x0E tel que la famille (x0,u(x0),,un-1(x0)) soit libre. Montrer que les polynômes en u sont les seuls endomorphismes qui commutent avec u.

 
Exercice 3  5783    MINES (MP)Correction  

Soient An() diagonalisable et P[X] non constant.

Montrer qu’il existe Mn() tel que A=P(M).

Solution

Notons λ1,,λm les valeurs propres de A et α1,,αm leurs multiplicités respectives. Puisque la matrice A est diagonalisable, il existe QGLn() telle que

A=Qdiag(λ1Iα1,,λmIαm)Q-1.

Pour k=1,,m, l’équation P(z)=λk d’inconnue z possède au moins une solution μk. En effet, le polynôme complexe P-λk est non constant et le théorème de d’Alembert-Gauss assure qu’il possède au moins une racine complexe. Considérons alors

M=Qdiag(μ1Iα1,,μmIαm)Q-1.

On vérifie

P(M)=Qdiag(P(μ1)Iα1,,P(μm)Iαm)Q-1=Qdiag(λ1Iα1,,λmIαm)Q-1=A.
 
Exercice 4  3423   

Soient A,Bn(𝕂). On suppose qu’il existe un polynôme P𝕂[X] vérifiant

AB=P(A)etP(0)0.

Montrer que A est inversible et que A et B commutent.

 
Exercice 5  3033     X (MP)Correction  

Soient A et B dans n(). On suppose que A est nilpotente et qu’il existe P[X] tel que

P(0)=1etB=AP(A).

Montrer qu’il existe Q[X] tel que

Q(0)=1etA=BQ(B).

Solution

On sait qu’il existe p* tel que Ap=On.

En introduisant les coefficients de P, la relation B=AP(A) donne

B=A+a2A2++ap-1Ap-1.

On en déduit

B2=A2+a3,2A3++ap-1,2Ap-1,,Bp-2=Ap-2+ap-1,p-2Ap-1,Bp-1=Ap-1.

En inversant ces équations, on obtient

Ap-1=Bp-1,Ap-2=Bp-2+bp-1,p-2Ap-1,,A2=B2+b3,2B3++bp-1,2Bp-1

et enfin

A=B+b2,1B2++bp-1,1Bp-1.

Cela qui détermine un polynôme Q[X] vérifiant Q(0)=1 et A=BQ(B).

 
Exercice 6  3210     ENTPE (MP)Correction  

Soient AGLn() et Bn() telle que Bp=On.

  • (a)

    Montrer que In+A-1BA est inversible et exprimer son inverse.

  • (b)

    On pose

    H={In+P(B)|P[X],P(0)=0}.

    Montrer que H est un sous-groupe commutatif de (GLn(),×).

Solution

  • (a)

    Posons N=-A-1BA. On a

    Np=(-1)pA-1BpA=On

    donc

    In=In-Np=(I-N)(I+N+N2++Np-1).

    On en déduit que I-N=In+A-1BA est inversible et

    (In+A-1BA)-1=I+N+N2++Np-1.
  • (b)

    Soit P[X] tel que P(0)=0. On a

    P(X)=aX+bX2+

    Donc

    P(B)=aB+bB2+

    puis

    P(B)p=apBp+bBp+1+=On.

    On peut alors reprendre le raisonnement de la question précédente et affirmer que la matrice In+P(B) est inversible et que son inverse est de la forme

    In-P(B)+P(B)2++(-1)pP(B)p.

    On en déduit que H est inclus dans GLn() et que l’inverse d’un élément de H est encore dans H.
    Il est immédiat de vérifier que H est non vide et stable par produit. On en déduit que H est un sous-groupe de (GLn(),×). Enfin, on vérifie que H est commutatif car les polynômes en une matrice commutent entre eux.

 
Exercice 7  2574   Correction  

Dans n(), on considère la matrice

J=(01(0)1(0)0).

Exprimer simplement P(aIn+J) pour P[X].

Solution

Par la formule de Taylor en a,

P(X)=k=0+P(k)(a)k!(X-a)k

donc

P(aIn+J)=k=0+P(k)(a)k!Jk.

Il est facile de calculer les puissances de J et l’on conclut

P(aIn+J)=(P(a)P(a)P′′(a)2!P(n-1)(a)(n-1)!P′′(a)2!P(a)(0)P(a)).
 
Exercice 8  4316   

Soient λ,μ et f,p,q trois endomorphismes d’un espace vectoriel réel E vérifiant

{f=λ.p+μ.qf2=λ2.p+μ2.qf3=λ3.p+μ3.q.

Exprimer fn en fonction de λ, μ, p et q pour tout n*.

 
Exercice 9  5691     CENTRALE (MP)Correction  

Pour (a0,,an-1)n, on pose

C(a0,,an-1)=(a0a1an-1an-1a0an-2a1an-1a0)

On pose J=C(0,1,0,,0), P=a0+a1X++an-1Xn-1 et ω=e2iπ/n.

  • (a)

    Écrire une fonction C(L) d’argument L = [a0,,an-1] et qui renvoie la matrice C(L). Pour n=3, écrire une fonction qui génère aléatoirement une matrice C(a0,a1,a2) à coefficients dans [0;1[ et qui renvoie son inverse lorsqu’elle est inversible. Que conjecturer sur son inverse?

  • (b)

    Pour n=3 et a=(1,2,3), calculer avec Python la matrice C(a)-P(J). Conjecture?

  • (c)

    Quel est le polynôme caractéristique de J? Montrer que la matrice J est diagonalisable dans n() et préciser ses valeurs propres et sous-espaces propres.

  • (d)

    Justifier que C(a0,,an-1) est diagonalisable quel que soit le multiplet (a0,,an-1)n. Quelles sont ses valeurs propres?

  • (e)

    À quelle condition la matrice C(a0,,an-1) est-elle inversible?

    Justifier que lorsque c’est le cas, son inverse est de la forme C(b0,,bn-1) avec (b0,,bn-1)n.

Solution

  • (a)

    On remplit le tableau matriciel de coefficients généraux ci,j=ar avec rj-i[n]:

    def C(L):
        n = len(L)
        C = np.zeros((n, n))
        for i in range(n):
            for j in range(n):
                C[i, j] = L[(j-i) % n]
        return C
    
    A = C(list(rd.random(3)))
    print(alg.inv(A))
    

    L’inverse de la matrice C(a0,,an-1) semble être de la forme C(b0,,bn-1).

  • (b)
    A = C([1, 2, 3])
    J = C([0, 1, 0])
    print(A - np.eye(3) + 2*J + 3*np.dot(J, J))
    

    La matrice C(a) semble correspondre à P(J).

  • (c)

    En développant le déterminant selon la première ligne, on obtient χJ=Xn-1.

    Les racines de χJ sont les racines n-ièmes de l’unité, ce sont les ωk pour k=0,,n-1, il y en a exactement n: la matrice J est diagonalisable.

    Pour k0;n-1, on obtient après résolution

    Eωk(J)=Vect((1,ωk,,ω(n-1)k))
  • (d)

    Pour k0;n-1, on remarque Jk=C((δi,k)0in-1). Par combinaison linéaire, C(a0,,an-1)=P(J). Puisque la matrice J est diagonalisable, C(a0,,an-1) l’est aussi par la même matrice de passage. La diagonalisation de C(a0,,an-1) en détermine les valeurs propres qui sont les P(ωk) pour k=0,,n-1.

  • (e)

    La matrice C=C(a0,,an-1) est inversible si, et seulement si, 0 n’en est pas valeur propre. Cela a lieu si, et seulement si, les racines n-ièmes de l’unité ne sont pas racines de P. Supposons que ce soit le cas.

    Soit Q un polynôme de n-1[X] vérifiant

    k0;n-1,Q(ωk)=(P(ωk))-1

    Un tel polynôme est possible par interpolation de Lagrange. Considérons ensuite

    D=Q(J)=C(b0,,bn-1) avec Q=b0+b1X++bn-1Xn-1

    On a

    CD=P(J)Q(J)=(PQ)(J)

    Par diagonalisation de J et parce que les valeurs du polynôme PQ sont égales à 1 sur les valeurs propres de J, on a (PQ)(J)=In. On en déduit que C-1=D est de la forme proposée.

 
Exercice 10  5782     MINES (MP)Correction  

Soit f un endomorphisme d’un espace vectoriel réel E de dimension finie n*. On suppose que les espaces Ker(f) et Im(f) sont supplémentaires.

  • (a)

    Que dire de la matrice de f dans une base adaptée à l’écriture E=Ker(f)Im(f)?

  • (b)

    Établir que la projection sur Ker(f) parallèlement à Im(f) est un polynôme en f.

  • (c)

    Peut-on affirmer la même propriété pour la projection sur Im(f) parallèlement à Ker(f)?

Solution

  • (a)

    Les espaces Ker(f) et Im(f) sont stables par f. La matrice de f dans une base adaptée à la décomposition E=Ker(f)Im(f) est donc diagonale par blocs de la forme

    M=(On-r(0)(0)A)

    avec Ar() et r=rg(f).

    Au surplus, A est inversible car r=rg(f)=rg(M)=rg(A).

  • (b)

    Puisque A est inversible, 0 n’est pas valeur propre de A et n’est donc pas racine de son polynôme caractéristique χA.

    Considérons le polynôme P=χA/χA(0) défini de sorte que P(0)=1 et P(A)=Or en vertu du théorème de Cayley Hamilton. On observe

    P(M)=(P(0)(0)(0)P(A))=(In-r(0)(0)Or)

    On reconnaît la matrice de la projection sur Ker(f) parallèlement à Im(f) et donc P(f) est cette projection, c’est un polynôme en f.

  • (c)

    La projection sur Im(f) parallèlement à Ker(f) est IdE-P(f), il s’agit d’un polynôme en f.

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Édité le 29-08-2023

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