[<] Factorisation [>] Relations entre coefficients et racines d'un polynôme scindé

 
Exercice 1  4951    MINES (PC)

Soit P[X] un polynôme unitaire de degré n.

Montrer que P est scindé sur si, et seulement si,

|Im(z)|n|P(z)|pour tout z.
 
Exercice 2  4978    MINES (PSI)

Soit P un polynôme complexe non constant. Existe-t-il λ tel que P-λ soit scindé à racines simples?

 
Exercice 3  2160  Correction  

Soit P un polynôme de degré n+1* à coefficients réels possédant n+1 racines réelles distinctes.

  • (a)

    Montrer que son polynôme dérivé P possède exactement n racines réelles distinctes.

  • (b)

    En déduire que les racines du polynôme P2+1 sont toutes simples dans .

Solution

  • (a)

    Notons a0<a1<<an les racines de P.
    En appliquant le théorème de Rolle à la fonction xP(x) sur l’intervalle [ai-1;ai], on justifie l’existence d’un réel bi]ai-1;ai[ tels que P(bi)=0. Puisque

    a0<b1<a1<b2<<bn<an

    les réels b1,,bn sont deux à deux distincts ce qui fournit n racines réelles au polynôme P.
    Puisque deg(P)=deg(P)-1=n, il ne peut y en avoir d’autres.

  • (b)

    Une racine multiple de P2+1 est aussi racine du polynôme dérivé

    (P2+1)=2PP.

    Or les racines de P ne sont pas racines de P2+1 et les racines de P sont réelles et ne peuvent donc être racines de P2+1. Par suite, P2+1 et (P2+1) n’ont aucunes racines communes: les racines de P2+1 sont simples.

 
Exercice 4  3339  Correction  

Soit P[X] scindé à racines simples dans . Montrer que pour tout α* les racines de P2+α2 dans sont toutes simples.

Solution

Notons que par application du théorème de Rolle, les racines de P sont réelles (et simples)
Les racines multiples de P2+α2 sont aussi racines de (P2+α2)=2PP.
Or les racines de P2+α2 ne peuvent être réelles et les racines de PP sont toutes réelles.
Il n’y a donc pas de racines multiples au polynôme P2+α2.

 
Exercice 5  4547  

Soit P un polynôme de degré n possédant au moins n racines distinctes. Peut-il y en avoir d’autres? Quelles sont leurs multiplicités?

 
Exercice 6  4561   

Soit P un polynôme réel non constant.

  • (a)

    On suppose que P est scindé sur à racines simples. Montrer que le polynôme P est lui aussi scindé sur .

  • (b)

    Montrer que le résultat perdure même si les racines de P ne sont plus supposées simples.

  • (c)

    Le polynôme X6-X+1 est-il scindé sur ?

 
Exercice 7  2669     MINES (MP)Correction  
  • (a)

    Si P[X] est scindé sur , montrer que P est scindé ou constant sur .

  • (b)

    Si (a,b,c)3, montrer que X10+aX9+bX8+cX7+X+1 n’est pas scindé sur .

Solution

  • (a)

    Si P est degré 1 alors P est constant. Si P est de degré n2, par application du théorème de Rolle, il figure une racine de P entre deux racines consécutives de P. De surcroît, si a est racine de multiplicité α* de P, a est aussi racine de multiplicité α-1 de P. Par suite, P en admet n-1 racines comptées avec multiplicité et est donc scindé.

  • (b)

    0 est racine multiple du polynôme dérivé à l’ordre 2. Si le polynôme était scindé, l’étude qui précède permet d’observer que 0 est racine du polynôme. Ce n’est pas le cas.

 
Exercice 8  4575   

Soit P un polynôme réel scindé à racines simples de degré n2.

  • (a)

    Montrer que P ne peut pas posséder deux coefficients nuls successifs.

  • (b)

    Montrer que les coefficients situés de part et d’autre d’un coefficient nul de P ne peuvent être de même signe.

 
Exercice 9  3696     X (MP)Correction  

Soit P[X] scindé sur .

Montrer que pour tout réel α, le polynôme P+αP est scindé sur .

Solution

Rappelons qu’un polynôme est scindé sur un corps si, et seulement si, la somme des multiplicités des racines de ce polynôme sur ce corps égale son degré.
Notons a0<a1<<am les racines réelles de P et α0,α1,,αm leurs multiplicités respectives. Le polynôme P étant scindé, on peut écrire

deg(P)=k=0mαk.

On convient de dire qu’une racine de multiplicité 0 n’est en fait pas racine d’un polynôme. Avec ses termes, si ak est racine de multiplicité αk1 de P alors ak est racine de multiplicité αk-1 du polynôme P et donc racine de multiplicité au moins (et même exactement) αk-1 du polynôme P+αP. Ainsi, les ak fournissent

k=0m(αk-1)=deg(P)-(m+1)

racines comptées avec multiplicité au polynôme P+αP.
Considérons ensuite la fonction réelle f:xP(x)eαx.
Cette fonction est indéfiniment dérivable et prend la valeur 0 en chaque ak.
En appliquant le théorème de Rolle à celle-ci sur chaque intervalle [ak-1;ak], on produit des réels bk]ak-1;ak[ vérifiant f(bk)=0. Or

f(x)=(P(x)+αP(x))eαx

et donc bk est racine du polynôme P+αP.
Ajoutons à cela que les bk sont deux à deux distincts et différents des précédents ak car, par construction

a0<b1<a1<b2<<bm<am.

On vient donc de déterminer m nouvelles racines au polynôme P+αP et ce dernier possède donc au moins

deg(P)-1

racines comptées avec multiplicité.

Cas: α=0. Ce qui précède suffit pour conclure car deg(P)=deg(P)-1.

Cas: α0. Il manque encore une racine car deg(P+αP)=deg(P). Par les racines précédentes, il est possible de factoriser P+αP par un polynôme scindé Q de degré deg(P)-1 et le facteur correspondant étant de degré 1, cela donne une écriture scindé du polynôme P+αP. On peut aussi considérer \ogune racine \ogen ± selon le signe de α.

 
Exercice 10  3683   Correction  

Soit P[X] un polynôme non constant dont les racines complexes sont de parties imaginaires positives ou nulles. Montrer que le polynôme P+P¯ est scindé dans [X].

Solution

On peut écrire P sous forme factorisée

P(X)=λk=1n(X-zk)

avec n=deg(P)* et zk vérifiant Im(zk)0.

Un complexe z est racine du polynôme P+P¯ si, et seulement si,

λk=1n(z-zk)=-λ¯k=1n(z-zk¯).

Si Im(z)>0 alors

k{1,,n},|z-zk|<|z-zk¯|

et donc

|λk=1n(z-zk)|<λ¯|k=1n(z-zk¯)|.

Ainsi, z ne peut être racine de P+P¯ et z¯ non plus par le même raisonnement ou parce que P+P¯ est un polynôme réel.
On en déduit que les racines de P sont toutes réelles et donc P est scindé dans [X].
Ainsi, le polynôme Re(P) est scindé dans [X].

 
Exercice 11  5481   Correction  

Soient p,q deuxs réels.

Montrer que P=X3+pX+q est scindé sur si, et seulement si, 4p3+27q20.

Solution

Étudions les variations de la fonction

P:{tt3+pt+q.

Cette fonction est dérivable de dérivée P(t)=3t2+p.

Cas: p>0. La dérivée est strictement positive et la fonction polynomiale P est strictement croissante. Dans ce cas, le polynôme P n’admet qu’une seule racine réelle et c’est une racine simple car elle n’est pas racine de P. Le polynôme P n’est alors pas scindé sur . La condition 4p3+27q20 n’est quant à elle pas vérifiée.

Cas: p=0. À nouveau la fonction polynomiale P est strictement croissante et admet une seule racine. Si q0, cette racine est non nulle et c’est une racine simple. Si q=0, cette racine est une racine triple. Le polynôme P est donc scindé sur si, et seulement si, q=0 ce qui est aussi la seule situation où 4p3+27q20 dans le cas considéré.

Cas: p<0. La dérivée de P s’annule en -α et α avec α=-p/3.

On dresse le tableau des variations de la fonction tP(t)

Compte tenu de ces variations, le polynôme P présente trois racines réelles si, et seulement si, P(-α)0 et P(α)0 (un cas d’égalité correspondant à une situation de racine double). Puisque P(-α)P(α), la condition précédente équivaut encore à P(-α)P(α)0 avec

P(-α)P(α) =-(α3+pα+q)(α3+pα-q)
=-(2pα3+q)(2pα3-q)=4p3+27q227.

Ainsi, P est scindé sur si, et seulement si, 4p3+27q20.

 
Exercice 12  2594     NAVALE (MP)Correction  

Pour n, on pose

Pn=(X+i)2n+1-(X-i)2n+1.
  • (a)

    Déterminer le degré et le coefficient dominant de Pn.

  • (b)

    Déterminer toutes les racines de Pn.

  • (c)

    En déduire la valeur de

    k=1n(4+cot2(kπ2n+1)).

Solution

  • (a)

    On amorce le développement des puissances par la formule du binôme de Newton pour écrire

    Pn=X2n+1+i(2n+1)X2n+-(X2n+1-i(2n+1)X2n+).

    Après simplification,

    Pn=2i(2n+1)X2n+
  • (b)

    On résout l’équation

    (z+i)2n+1=(z-i)2n+1

    d’inconnue z.

    On commence par remarquer que z=i n’est pas solution. Pour z{i},

    (z+i)2n+1=(z-i)2n+1 (z+iz-i)2n+1=1
    k0;2n,z+iz-i=e2ikπ/(2n+1).

    On remarque que la valeur k=0 n’est pas possible et l’on poursuit

    (z+i)2n+1=(z-i)2n+1 k1;2n,z+iz-i=e2ikπ/(2n+1)
    k1;2n,z=iωk+1ωk-1 avec ωk=e2ikπ/(2n+1)
    k1;2n,z=cot(kπ2n+1).

    Les racines de Pn sont donc les réels

    zk=cot(kπ2n+1)pour k=1,,2n.

    Ceux-ci sont deux à deux distincts car la fonction cotangente est strictement décroissante donc injective sur ]0;π[. Puisque le polynôme Pn est de degré 2n, ces racines sont des racines simples de Pn.

  • (c)

    Ce qui précède permet d’écrire la factorisation

    Pn=2i(2n+1)k=12n(X-cot(kπ2n+1)).

    Puisque cot(x)=-cot(π-x), on peut aussi écrire

    Pn =2i(2n+1)k=1n(X-cot(kπ2n+1))(X+cot(kπ2n+1))
    =2i(2n+1)k=1n(X2-cot2(kπ2n+1)).

    En évaluant en 2i,

    Pn(2i)=2i(2n+1)(-1)nk=1n(4+cot2(kπ2n+1))

    mais aussi

    Pn(2i)=(3i)2n+1-i2n+1=i(-1)n(32n+1-1).

    On a donc

    k=1n(4+cot2(kπ2n+1))=32n+1-12(2n+1).

[<] Factorisation [>] Relations entre coefficients et racines d'un polynôme scindé



Édité le 14-10-2023

Bootstrap Bootstrap 3 - LaTeXML [LOGO] - Powered by MathJax Powered by MathJax