[<] Applications linéaires opérant sur les matrices [>] Isomorphisme induit

 
Exercice 1  2152  

Soient n et Δ:𝕂n+1[X]𝕂n[X] l’application définie11 1 L’écriture P(X+1) fait référence à la composition de deux polynômes et non à un produit: on remplace X par X+1 dans l’expression du polynôme P. L’écriture P(X) fait directement référence à P. par

Δ(P)=P(X+1)-P(X).
  • (a)

    Montrer que Δ définit une application linéaire.

  • (b)

    Déterminer le noyau de Δ et établir que l’application Δ est surjective.

 
Exercice 2  2162  Correction  

Soient a0,,an des réels distincts et φ:2n+1[X]2n+2 définie par

φ(P)=(P(a0),P(a0),,P(an),P(an)).

Montrer que φ est bijective.

Solution

φ est clairement linéaire et si PKer(φ) alors P a plus de racines (comptés avec multiplicité) que son degré donc P=0. Ainsi φ est injective et puisque dim2n+1[X]=dim2n+2, φ est un isomorphisme.

 
Exercice 3  4386   

(Interpolation de Lagrange)

Soient n* et a0,a1,,an des réels deux à deux distincts.

  • (a)

    Montrer que l’application φ:[X]n+1 définie par

    φ(P)=(P(a0),P(a1),,P(an))

    est linéaire et préciser son noyau.

  • (b)

    Établir que la restriction de φ au départ de n[X] réalise un isomorphisme.

Soit y=(y0,y1,,yn)n+1.

  • (c)

    Exprimer l’unique polynôme P0 de n[X] vérifiant φ(P0)=y.

  • (d)

    Exprimer en fonction de P0 tous les polynômes P vérifiant φ(P)=y.

 
Exercice 4  5817   Correction  

Soient n, a,b distincts.

  • (a)

    Établir que l’application φ:2n-1[X]2n définie par

    φ(P)=(P(a),P(a),,P(n-1)(a),P(b),P(b),,P(n-1)(b))

    est un isomorphisme d’espaces vectoriels.

  • (b)

    En déduire qu’il existe une famille de polynômes (Qk)0k<2n telle que

    P2n-1[X],P=k=0n-1P(k)(a)Qk+k=0n-1P(k)(b)Qn+k.

Solution

  • (a)

    L’application φ est clairement linéaire et opère entre deux espaces vectoriels de même dimension finie. Il suffit d’établir que φ est injective pour établir que φ est un isomorphisme. Soit PKer(φ). On a

    P(a)=P(a)==P(n-1)(a)=0etP(b)=P(b)==P(n-1)(b)=0.

    Les réels a et b sont donc racines de multiplicité au moins n de P. Or deg(P)<2n donc P=0.

  • (b)

    Considérons la base canonique de 2n dont on note les vecteurs (e0,,e2n-1). Pour tout P2n-1[X], on peut écrire

    φ(P)=k=0n-1P(k)(a)ek+k=0n-1P(k)(b)en+k.

    Par l’isomorphisme φ-1,

    P=k=0n-1P(k)(a)φ-1(ek)+k=0n-1P(k)(b)φ-1(en+k).

    En introduisant Qk=φ-1(ek) pour k=0,,2n-1, on obtient l’écriture

    P=k=0n-1P(k)(a)Qk+k=0n-1P(k)(b)Qn+k.

    Notons que la famille (Qk)0k<2n est alors une base de 2n-1[X] en tant qu’image réciproque d’une base par un isomorphisme.

 
Exercice 5  163   Correction  

Soient n*, E=n[X] et Δ l’endomorphisme de E déterminé par Δ(P)=P(X+1)-P(X).

  • (a)

    Justifier que l’endomorphisme Δ est nilpotent.

  • (b)

    Déterminer des réels a0,,an,an+1 non triviaux vérifiant:

    Pn[X],k=0n+1akP(X+k)=0.

Solution

  • (a)

    On remarque que si deg(P)m alors deg(Δ(P))m-1.
    On en déduit Im(Δ)n-1[X], Im(Δ2)n-2[X],…puis Δn+1=0.

  • (b)

    Introduisons l’endomorphisme T:P(X)P(X+1).
    On a Δ=T-Id et par la formule du binôme de Newton(T et Id commutent),

    k=0n+1(-1)n+1-k(n+1k)Tk=0.

    Ainsi pour

    ak=(-1)k(n+1k)

    on a

    Pn[X],k=0n+1akP(X+k)=0.
 
Exercice 6  2153   Correction  

Soit Δ:[X][X] l’application définie par

Δ(P)=P(X+1)-P(X).
  • (a)

    Montrer que Δ est un endomorphisme et que pour tout polynôme P non constant deg(Δ(P))=deg(P)-1.

  • (b)

    Déterminer Ker(Δ) et Im(Δ).

  • (c)

    Soit P[X] et n. Montrer

    Δn(P)=(-1)nk=0n(-1)k(nk)P(X+k).
  • (d)

    En déduire que, si deg(P)<n, alors

    k=0n(nk)(-1)kP(k)=0.

Solution

  • (a)

    Δ est clairement linéaire.
    Soit P[X] non nul et n=deg(P). On peut écrire P=a0+a1X++anXn avec an0.
    Δ(P)=a1Δ(X)++anΔ(Xn) or deg(Δ(X)),,deg(Δ(Xn-1))n-1 et deg(Δ(Xn))=n-1 donc deg(Δ(P))=n-1.

  • (b)

    Si P est constant alors Δ(P)=0 et sinon Δ(P)0 donc Ker(Δ)=0[X].
    Soit Pn[X]. La restriction Δ~ de Δ au départ n+1[X] et à l’arrivée dans n[X] est bien définie, de noyau de dimension 1 et en vertu du théorème du rang surjective. Il s’ensuit que Δ est surjective.

  • (c)

    Notons T([X]) défini par T(P)=P(X+1).
    Δ=T-I donc

    Δn=k=0n(-1)n-k(nk)Tk

    avec Tk(P)=P(X+k) donc

    Δn(P)=(-1)nk=0n(-1)k(nk)P(X+k).
  • (d)

    Si deg(P)<n alors Δn(P)=0 donc

    k=0n(nk)(-1)kP(k)=0.
 
Exercice 7  2154   Correction  

Soit φ:𝕂n+1[X]𝕂n[X] définie par φ(P)=(n+1)P-XP.

  • (a)

    Justifier que φ est bien définie et que c’est une application linéaire.

  • (b)

    Déterminer le noyau de φ.

  • (c)

    En déduire que φ est surjective.

Solution

  • (a)

    Si P𝕂n[X] alors φ(P)𝕂n[X].
    Si deg(P)=n+1 alors (n+1)P et XP ont même degré(n+1) et même coefficient dominant donc deg(n+1)P-XP<n+1 puis (n+1)P-XP𝕂n[X].

    Finalement, pour tout P𝕂n+1[X], φ(P)𝕂n[X] et l’application φ est donc bien définie.
    Pour λ,μ𝕂 et tout P,Q𝕂n+1[X]:
    φ(λP+μQ)=(n+1)(λP+μQ)-X(λP+μQ)=λ((n+1)P-XP)+μ((n+1)Q-XQ)
    et donc φ(λP+μQ)=λφ(P)+μφ(Q).

  • (b)

    Soit P=k=0n+1akXk𝕂n+1[X].

    φ(P)=0k{0,1,,n+1},(n+1)ak=kak.

    Ainsi,

    PKer(φ)k{0,1,n},ak=0.

    Par suite, Ker(φ)=Vect(Xn+1).

  • (c)

    Par le théorème du rang rg(φ)=dim𝕂n+1[X]-dimKer(φ)=n+2-1=dim𝕂n[X] donc φ est surjective.

 
Exercice 8  2665    MINES (MP)Correction  

Montrer, pour tout n, qu’il existe un unique Pnn+1[X] tel que Pn(0)=0 et Pn(X+1)-Pn(X)=Xn.

Solution

Considérons l’application φ:n+1[X]n[X] définie par φ(P)=P(X+1)-P(X). L’application φ est bien définie, linéaire et de noyau 0[X]. Par le théorème du rang, elle est surjective et les solutions de l’équation φ(P)=Xn se déduisent les unes des autres par l’ajout d’un élément de 0[X], c’est-à-dire d’une constante. Ainsi, il existe une unique solution vérifiant P(0)=0.

 
Exercice 9  2155   Correction  
  • (a)

    Montrer que φ:n[X]n[X] définie par φ(P)=P(X)+P(X+1) est bijective.
    On en déduit qu’il existe un unique Pnn[X] tel que

    Pn(X)+Pn(X+1)=2Xn.

    Montrer que pour tout n, il existe Pnn[X] unique tel que

    Pn(X)+Pn(X+1)=2Xn.
  • (b)

    Justifier que l’on peut exprimer Pn(X+1) en fonction de P0,,Pn.

  • (c)

    En calculant de deux façons Pn(X+2)+Pn(X+1) déterminer une relation donnant Pn en fonction de P0,,Pn-1.

Solution

  • (a)

    φ est linaire. Si deg(P)=k alors deg(φ(P))=k donc Ker(φ)={0}. Par suite, φ est bijective.

  • (b)

    (P0,,Pn) est une famille de polynômes de degrés étagés, c’est donc une base de n[X]. Puisque Pn(X+1)n[X], on peut écrire

    Pn(X+1)=k=0nλkPk.
  • (c)

    D’une part

    Pn(X+2)+Pn(X+1)=2(X+1)n

    et d’autre part

    Pn(X+2)+Pn(X+1)=k=0n2λkXk.

    On identifie λk=(nk) et

    Pn=2Xn-Pn(X+1)=2Xn-k=0n-1(nk)Pk-Pn

    puis

    Pn=Xn-12k=0n-1(nk)Pk.
 
Exercice 10  74      CCINP (MP)Correction  

Pour p et a{0,1}, on note Sp l’ensemble des suites (un) vérifiant

Pp[X],n,un+1=aun+P(n).
  • (a)

    Montrer que si uSp, P est unique; on le notera Pu.

  • (b)

    Montrer que Sp est un -espace vectoriel.

  • (c)

    Montrer que ϕ, qui à u associe Pu, est linéaire et donner une base de son noyau.
    Que représente son image?

  • (d)

    Donner une base de Sp (on pourra utiliser Rk(X)=(X+1)k-aXk pour k0;p).

  • (e)

    Application : Déterminer la suite (un) définie par

    u0=-2 et un+1=2un-2n+7.

Solution

  • (a)

    Si uSp et si deux polynômes P,Q conviennent pour exprimer un+1 en fonction de un alors

    n,P(n)=Q(n).

    Puisque le polynôme P-Q possède une infinité de racines, c’est le polynôme nul et donc P=Q.

  • (b)

    Sp, 0Sp (avec P=0).
    Soient λ,μ et u,vSp.
    Pour tout n, on obtient aisément

    (λu+μv)n+1=a(λu+μv)n+(λPu+μPv)(n)

    et donc λu+μvSp avec Pλu+μv=λPu+μPvp[X].
    Sp est un sous-espace vectoriel de donc c’est un -espace vectoriel.

  • (c)

    Ci-dessus, on a obtenu Pλu+μv=λPu+μPv ce qui correspond à la linéarité de l’application ϕ.
    uKer(ϕ) si, et seulement si, Pu=0 ce qui signifie que u est une suite géométrique de raison a.
    On en déduit que la suite (an)n est un vecteur directeur de la droite vectorielle qu’est le noyau de ϕ.
    L’image de ϕ est p[X] car l’application ϕ est surjective puisque pour tout polynôme P[X], on peut définir une suite élément de Sp par la relation

    u0 et n,un+1=aun+P(n).
  • (d)

    La famille (R0,R1,,Rp) est une famille de polynômes de degrés étagés de p[X], elle forme donc une base de p[X]. Pour k0;p, il est facile de déterminer une suite u=(un)Sp vérifiant Su=Rk car

    un+1=aun+Rk(n)un+1-(n+1)k=a(un-nk).

    Ainsi la suite

    u:nnk

    convient.
    Considérons alors la famille formée des suites

    v:nan et vk:nnk avec k0;p.

    Supposons

    λv+λ0v0++λpvp=0.

    En appliquant ϕ, on obtient

    λ0R0++λpRp=0

    donc λ0==λp=0 puis la relation initiale donne λ=0 car v0.
    La famille (v,v0,,vp) est donc libre.
    De plus, en vertu de la formule du rang

    dimSp=dimKer(ϕ)+rg(ϕ)=1+(p+1)=p+2

    donc la famille (v,v0,,vp) est une base de Sp.

  • (e)

    En reprenant les notations qui précèdent, on peut écrire

    u=λv+λ0v0+λ1v1.

    On a

    Pu=λ0R0+λ1R1=-2X+7.

    Puisque R0=-1 et R1=1-X, on obtient λ1=2 et λ0=-5.
    Par suite,

    un=λ2n+2n-5.

    Puisque u0=-2, on obtient λ=7.

    Finalement,

    un=32n+2n-5.

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Édité le 29-08-2023

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