[<] L'espace des matrices carrées

 
Exercice 1  2146  Correction  

Soient P1=X2+1, P2=X2+X-1 et P3=X2+X.
Montrer que la famille (P1,P2,P3) est une base de 𝕂2[X].

Solution

Supposons λ1P1+λ2P2+λ3P3=0. Par égalité de coefficients de polynômes:

{λ1-λ2=0λ2+λ3=0λ1+λ2+λ3=0.

Après résolution λ1=λ2=λ3=0.
La famille (P1,P2,P3) est une famille libre formée de 3=dim𝕂2[X] polynômes de 𝕂2[X], c’est donc une base de 𝕂2[X].

 
Exercice 2  2619    CCINP (MP)Correction  

Pour n et k0;n, on pose Pk=Xk(1-X)n-k.

  • (a)

    Montrer que la famille (P0,,Pn) est une base de n[X].

  • (b)

    Exprimer 1,X,,Xn dans la base précédente.

Solution

  • (a)

    Commençons par souligner que les polynômes Pk sont tous de degré n: ils appartiennent bien à l’espace n[X]. De plus, ceux-ci sont au nombre de n+1 avec n+1 égal à la dimension de n[X]. Il suffit donc d’établir que la famille (P0,,Pn) est libre pour conclure que c’est une base de n[X].

    Supposons λ0P0++λnPn=0 avec λ0,,λn réels, c’est-à-dire

    λ0(1-X)n+λ1X(1-X)n-1++λnXn=0. (1)

    En évaluant en 0 cette identité polynomiale, on obtient immédiatement λ0=0. La relation (1) peut alors être simplifiée par X ce qui donne

    λ1(1-X)n-1+λ2X(1-X)n-2++λnXn-1=0.

    On évalue à nouveau11 1 On peut être surpris d’une simplification par X suivie d’une évaluation en 0. Cela n’a rien de singulier car on manipule ici des polynômes et non des fonctions d’une variable réelle. Si un produit XP désigne le polynôme nul avec P un polynôme, on a nécessairement P=0 et donc P(0)=0: c’est la démarche qui est suivie ici. en 0 pour obtenir λ1=0 et encore simplifier par X, etc. Ainsi, on obtient successivement λi=0 pour tout indice i allant de 0 jusqu’à n: on peut conclure que la famille (P0,,Pn) est libre, c’est donc une base de n[X].

  • (b)

    Pour k0;n, on écrit

    Xk =Xk(X+(1-X))n-k
    =Xkj=0n-k(n-kj)Xj(1-X)n-k-j=j=0n-k(n-kj)Pk+j.
 
Exercice 3  6010     MINES (PC)Correction  

Soient E=n[X] et Fk=X(X-1)(X-k+1)k! pour k=0,,n.

  • (a)

    Montrer que =(F0,,Fn) est une base de En.

  • (b)

    Soit Φ définie sur En par Φ(P)=P(X+1)-P(X). Vérifier que Φ est un endomorphisme de E.

  • (c)

    Donner la matrice de Φ dans .

  • (d)

    Soit QEn-1. Montrer qu’il existe un unique polynôme PEn tel que Φ(P)=Q et P(0)=0.

  • (e)

    On suppose n=3 et Q=X2. Exprimer Q dans , déterminer P tel que Φ(P)=X2 et en déduire une expression de SN=k=1Nk2 pour N*.

Solution

  • (a)

    On a degFk=k pour tout k=0,,n donc est une base de En (famille de n+1=dimEn polynômes de degrés étagés dans En.)

  • (b)

    L’application Φ est bien définie de En vers En.

    Pour (λ,μ)2 et (P,Q)En2,

    Φ(λP+μQ) =(λP+μQ)(X+1)-(λP+μQ)(X)
    =λ(P(X+1)-P(X))+μ(Q(X+1)-Q(X))=λΦ(P)+μΦ(Q).

    L’application Φ est un endomorphisme de En.

  • (c)

    On remarque Φ(F0)=0 et Φ(Fk)=Fk-1 pour k=1,,n donc

    Mat(Φ)=(01(0)1(0)0).
  • (d)

    La famille (F0,,Fn-1) est une base de En-1. On peut donc écrire

    Q=λ0F0++λn-1Fn-1

    avec (λ0,,λn-1)n convenable. Pour

    P=λ0F1++λn-1FnEn,

    on a Φ(P)=Q et P(0)=0.

    Si P^ est un autre polynôme convenable, on a Φ(P-P^)=0 donc P-P^Ker(Φ)=E0. Le polynôme P-P^ est alors constant. Or il s’annule en 0, c’est donc le polynôme nul.

  • (e)

    On a Q=2F2+F1 donc

    P=2F3+F2=X(X-1)(X-2)3+X(X-1)2=X(X-1)(2X-1)6.

    Pour N*, on obtient par télescopage

    Sn=k=1NQ(k)=k=1N(P(k+1)-P(k))=P(N+1)-P(1)=N(N+1)(2N+1)6.
 
Exercice 4  2147  Correction  

Pour k{0,,n}, on pose Pk=(X+1)k+1-Xk+1.
Montrer que la famille (P0,,Pn) est une base de 𝕂n[X].

Solution

On remarque que deg(Pk)=k donc Pk𝕂n[X].
Supposons λ0P0++λnPn=0.
Si λn0 alors deg(λ0P0++λnPn)=n car deg(λ0P0++λn-1Pn-1)n-1 et deg(λnPn)=n
Ceci est exclu, donc λn=0.
Sachant λn=0, le même raisonnement donne λn-1=0 et ainsi de suite λn-2==λ0=0.
La famille (P0,,Pn) est une famille libre de n+1=dim𝕂n[X] éléments de 𝕂n[X], c’est donc une base de 𝕂n[X].

 
Exercice 5  2149   

(Polynômes de Newton)

Soit n. On pose

P0=1etPk=X(X-1)(X-k+1)k!pour k1;n.
  • (a)

    Soit n. Montrer que la famille (Pk)0kn est une base de n[X].

  • (b)

    Vérifier que Pk(m) est un nombre entier pour tout m et tout k.

  • (c)

    Trouver tous les polynômes P prenant des valeurs entières sur chaque entier.

 
Exercice 6  5186   

On dit qu’une famille (P0,,Pn) de polynômes non nuls de 𝕂[X] est une famille de polynômes de degrés échelonnés lorsque

deg(P0)<<deg(Pn).
  • (a)

    Montrer qu’une telle famille est libre.

  • (b)

    À quelle condition celle-ci constitue-t-elle une base de 𝕂n[X]?

 
Exercice 7  2151   Correction  

Soient n et A𝕂n[X] un polynôme non nul.
Montrer que F={P𝕂n[X]|AP} est un sous-espace vectoriel de 𝕂n[X] et en déterminer la dimension et un supplémentaire.

Solution

F𝕂n[X], 0F car A0.
Soient λ,μ𝕂 et P,QF.
AP et AQ donc A(λP+μQ) puis λP+μQF.
Ainsi, F est un sous-espace vectoriel de 𝕂n[X].
Notons p=deg(A). On a

F𝕂p-1[X]=𝕂n[X]

ce qui détermine un supplémentaire de F et donne dimF=n+1-p.

 
Exercice 8  1761     KER LANN (MP)Correction  
  • (a)

    Montrer que la famille (X+k)n pour k{0,,n} constitue une base de n[X].

  • (b)

    Redémontrer la formule donnant l’expression du déterminant de Vandermonde

Solution

  • (a)

    La matrice de la famille étudiée dans la base canonique de n[X] a pour coefficient général

    ai,j=(ni)ji avec 0i,jn.

    En factorisant par ligne le déterminant de cette matrice est

    i=0n(ni)Vn+1(0,1,,n)0

    avec Vn+1(a0,,an) déterminant de Vandermonde.

  • (b)

    cf. cours.

 
Exercice 9  5966      CENTRALE (MP)Correction  

Soit n. On considère, pour tout k=0,,n, φk:Pn[X]P(k)(k)k! et un:Pn[X](φ0(P),,φn(P))).

On note la base canonique de n[X] et 𝒞=(e0,,en) la base canonique de n+1.

  • (a)

    On note A la matrice de un dans et 𝒞. Afficher A pour n compris entre 1 et 5.

  • (b)

    Que peut-on conjecturer sur l’inversibilité de A? Que peut-on conjecturer sur un-1(ek) pour tout entier k=0,,n (degré, dépendance à n)?

  • (c)

    Montrer que la famille de formes linéaires (φ0,,φn) est libre.

  • (d)

    Soit (ψ0,,ψn) une famille libre de formes linéaires sur n[X]. Montrer qu’il existe une base (B0,,Bn) de n[X] telle que

    Pn[X],P=k=0nψk(P)Bk.
  • (e)

    Expliciter cette base lorsque ψk:PPk(0)k! puis lorsque ψk:PP(k).

  • (f)

    Dans le cas de la famille libre (φ0,,φn), montrer que la base obtenue est la famille (u-1(e0),,u-1(en)).

Solution

  • (a)

    Après avoir défini la fonction factorielle, on remplit un tableau dont les coefficients correspondent à ceux de la matrice étudiée.

    import numpy as np
    import numpy.linalg as alg
    
    
    def fact(n):
        if n == 0:
            return 1
        return n * fact(n-1)
    
    for n in range(1, 6):
        A = np.zeros((n, n))
        for k in range(n):
            for j in range(k, n):
                A[k, j] = fact(j)/fact(j-k)/fact(k) * k**(j-k)
        print(A)
    
  • (b)

    La matrice A apparaît triangulaire supérieure à coefficients diagonaux non nuls: elle est inversible. On peut calculer son inverse en remplaçant print(A) par print(alg.inv(A)) dans le code précédent. On observe que un-1(ek) apparaît comme un polynôme de degré k qui ne dépend pas de n.

  • (c)

    Soient (λ0,,λn)n+1. Supposons λ0φ0++λnφn=0.

    On évalue la relation en P=1 et l’on obtient λ0=0. On évalue ensuite la relation en P=X et l’on obtient λ1=1. Successivement, on acquiert λk=0 en évaluant la relation en P=Xk pour k=0,,n. La famille (φ0,,φn) est libre.

  • (d)

    Considérons la matrice A de l’application linéaire vn:n[X]n+1 définie par vn(P)=(ψ0(P),,ψn(P)) dans les bases et 𝒞:

    A=(ψ0(1)ψ0(X)ψ0(Xn)ψ1(1)ψ1(X)ψ1(Xn)ψn(1)ψn(X)ψn(Xn)).

    Vérifions que cette matrice est inversible. Soit (λ0,,λn)n+1. Supposons λ0L0++λnLn=0 en notant L0,,Ln les lignes de A. Pour tout P=Xj avec j=0,,n, on a λ0ψ0(Xj)++λnψn(Xj)=0 et donc λ0ψ0++λnψn=0. Cela implique λ0==λn=0 car la famille (ψ0,,ψn) est supposée libre. Ainsi, les lignes de A sont linéairement indépendantes: cette matrice est inversible. On peut alors introduire son inverse A-1. Considérons alors la famille (B0,,Bn) dont la matrice des coordonnées dans est A-1. Celle-ci est une base de n[X] car A-1 est inversible.

    Pour tout Pn[X], en notant Y la colonne des coordonnées de P dans la base , la matrice AY donne la colonne des coefficients ψ0(P),,ψn(P) et la matrice A-1AY donne la colonne des coordonnées dans du polynôme k=0nψk(P)Bk. Puisque A-1AY=Y, on obtient k=0nψk(P)Bk=P

  • (e)

    On sait

    Pn[X],P=k=0nP(k)(0)k!Xk.

    On en déduit Bk=Xk lorsque ψk:PPk(0)k!.

    Considérons L0,,Ln les polynômes interpolateurs de Lagrange en 0,,n. On sait

    Pn[X],P=k=0nP(k)Lk.

    On en déduit Bk=Lk lorsque ψk:PP(k).

  • (f)

    La matrice de la famille (u-1(e0),,u-1(en)) dans est A-1.

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Édité le 22-03-2025

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