[<] Calcul de primitives ou d'intégrales par une incursion complexe

 
Exercice 1  4780  

Pour n, calculer

In=1etnln(t)dt.
 
Exercice 2  288  

Soient p,q. Calculer

Ip,q=01tp(1-t)qdt.
 
Exercice 3  1994   Correction  

Pour p et q entiers naturels, on pose:

Ip,q=ab(t-a)p(b-t)qdt.
  • (a)

    Former une relation de récurrence liant Ip,q et Ip+1,q-1.

  • (b)

    Donner une expression de Ip,q à l’aide de factoriels.

Solution

  • (a)

    Par intégration par parties,

    Ip,q=qp+1Ip+1,q-1.
  • (b)

    On en déduit

    Ip,q=q(q-1)1(p+1)(p+2)(p+q)Ip+q,0

    or

    Ip+q,0=(b-a)p+q+1p+q+1

    donc

    Ip,q=p!q!(p+q+1)!(b-a)p+q+1.
 
Exercice 4  4782   

(Intégrales de Wallis)

Pour n, on pose

In=0π/2sinn(t)dt.
  • (a)

    Montrer que pour tout n,

    In+2=n+1n+2In.
  • (b)

    Donner une expression de In à l’aide de nombres factoriels en discutant selon la parité de l’entier naturel n.

 
Exercice 5  1997   Correction  

(Intégrales de Wallis)

Pour n, on pose

In=0π/2sinn(t)dt.
  • (a)

    Montrer que In=0π/2cosn(t)dt et In>0

  • (b)

    Montrer que pour tout n, on a

    In+2=n+1n+2In.
  • (c)

    Donner une expression de In à l’aide de factoriels en distinguant les cas n=2p et n=2p+1.

  • (d)

    Établir que pour tout n,

    (n+1)In+1In=π2etIn+2In+1In.
  • (e)

    Déterminer un équivalent de In.

Solution

  • (a)

    En appliquant le changement de variable u=π/2-t on obtient

    In=0π/2cosn(u)du

    tsinn(t) est continue, positive sans être la fonction nulle et 0<π/2 donc In>0

  • (b)

    Par intégration par parties

    In+2=0π/2sin(t)sinn+1(t)dt=[-cos(t)sinn+1(t)]0π/2+(n+1)0π/2cos2(t)sinn(t)dt

    donc

    In+2=(n+1)0π/2(1-sin2(t))sinn(t)dt=(n+1)In-(n+1)In+2

    puis

    (n+2)In+2=(n+1)In.
  • (c)
    I2p=2p-12pI2p-2=2p-12p2p-32p-212I0=(2p)!22p(p!)2π2

    sachant I0=π/2.

    I2p+1=2p2p+12p-22p-123I1=22p(p!)2(2p+1)!

    sachant I1=1.

  • (d)

    Posons un=(n+1)In+1In. On

    un+1=(n+2)In+2In+1=(n+1)InIn+1=un

    et u0=I1I0=π/2 donc pour tout n

    (n+1)In+1In=π/2.

    Pour tout t[0;π/2],

    sinn+2(t)sinn+1(t)sinn(t)

    donc

    In+2In+1In.
  • (e)

    On a

    n+1n+2InIn+1In

    donc In+1/In1. Ainsi In+1In.
    Par suite,

    π2=(n+1)In+1InnIn2

    et donc

    Inπ2n

    sachant In>0.

 
Exercice 6  5651   Correction  

Pour n, on pose

In=0πcos2n(t)dt.
  • (a)

    Établir

    n*,In=2n-12nIn-1.
  • (b)

    Vérifier

    n,In=(2n)!22n(n!)2π.
  • (c)

    Application : En employant l’identité 1+cos(x)=2cos2(x/2), établir

    n,p=0n/2122p(p!)2(n-2p)!=(2n)!2n(n!)3.

Solution

  • (a)

    On procède à une intégration par parties avec

    u(t)=sin(t)etv(t)=cos2n-1(t)

    pour écrire

    In=[sin(t)cos2n-1(t)]0π=0+0π(2n-1)sin2(t)=1-cos2(t)cos2n-2(t)dt=(2n-1)(In-1-In).

    On en déduit la relation proposée.

  • (b)

    On vérifie la relation par récurrence sur n ou par un calcul direct si l’on sait correctement exprimer le produit d’entiers pairs/impairs consécutifs.

  • (c)

    Pour tout x[0;2π], la formule du binôme de Newton donne

    2ncos2n(x/2)=(1+cos(x))n=k=0n(nk)cosk(x).

    On intègre les deux membres de cette identité entre 0 et 2π.

    D’une part,

    02π2ncos2n(x/2)dx=t=x/22n+10πcos2n(t)dt=2π(2n)!2n(n!)2.

    D’autre part,

    02πk=0n(nk)cosk(x)dx=k=0n(nk)02πcosk(x)dx.

    Par argument de symétrie,

    02πcosk(x)dx={0 si k=2p+12Ip si k=2p

    donc

    02πk=0n(nk)cosk(x)dx=p=0n/22π(n2p)(2p)!22p(p!)2=2πp=0n/2n!22p(p!)2(n-2p)!.

    En identifiant ces deux calculs, on obtient la relation souhaitée.

 
Exercice 7  1860   Correction  
  • (a)

    Calculer

    01dt1+t2.
  • (b)

    Établir, pour tout n

    01k=0n(1)kt2kdt=π4+01(1)nt2n+21+t2dt.
  • (c)

    Justifier

    001t2n+21+t2dt01t2n+2dt.
  • (d)

    En déduire

    k=0n(1)k2k+1n+π4.

Solution

  • (a)

    Par détermination de primitive,

    01dt1+t2=[arctan(t)]01=π4.
  • (b)

    Par sommation géométrique de raison q=t21,

    01k=0n(1)kt2kdt=011(1)n+1t2n+21+t2dt=π4+01(1)nt2n+21+t2dt.
  • (c)

    On remarque

    t[0;1], 0t2n+21+t2t2n+2.

    Par intégration en bon ordre,

    001t2n+21+t2dt01t2n+2dt.
  • (d)

    On a

    k=0n(1)k2k+1=k=0n01(1)kt2kdt=01k=0n(1)kt2kdt

    donc

    k=0n(1)k2k+1=π4+(1)n01t2n+21+t2dt.

    Or l’encadrement de la question précédente se relit

    001t2n+21+t2dt[t2n+32n+3]01=12n+3.

    Par encadrement,

    01t2n+21+t2dtn+0.

    Par opérations sur les limites,

    k=0n(1)k2k+1n+π4.
 
Exercice 8  322   Correction  

Soit

In=01xnx+1dx.
  • (a)

    Montrer que In0 en décroissant.

  • (b)

    Simplifier In+In+1 et en déduire une expression de In à l’aide d’un symbole sommatoire.

  • (c)

    Déterminer

    limN+n=1N(-1)n-1n.
  • (d)

    Exploiter

    Jn=01xnx2+1dx

    pour déterminer

    limN+n=0N(-1)n2n+1.

Solution

  • (a)
    0In01xndx=1n+10

    donc In0.
    De plus, pour tout x[0;1],

    xnx+1xn+1x+1

    donc InIn+1.

  • (b)
    In+In+1=1n+1

    donc

    In=k=1n(-1)n-kk+(-1)nI0.
  • (c)

    I0=ln(2) et (-1)nIn0 donc

    k=1n(-1)-kk+ln(2)0

    puis la conclusion.

  • (d)

    Comme ci-dessus, Jn0. De plus,

    Jn+Jn+2=1n+1

    donc

    J2n=k=0n-1(-1)n-1-k2k+1+(-1)nJ0

    puis

    k=0n-1(-1)k+12k+1+π40

    d’où

    k=0n(-1)k2k+1π4.
 
Exercice 9  1992   Correction  

On pose, pour n

In=01(1-x)nn!exdx.
  • (a)

    Montrer que la suite (In) tend vers 0.

  • (b)

    Montrer que

    In=1(n+1)!+In+1.
  • (c)

    En déduire que

    e=limn+k=0n1k!.

Solution

  • (a)

    On a

    0In01en!dx=en!0

    donc par encadrement In0.

  • (b)

    Par intégration par parties,

    In=01(1-x)nn!exdx=[-(1-x)n+1(n+1)!ex]01+01(1-x)n+1(n+1)!exdx=1(n+1)!+In+1.
  • (c)

    Pour k1,

    1k!=Ik-1-Ik

    donc

    k=0n1k!=1+k=1nIk-1-Ik=1+I0-In

    avec

    I0=01exdx=e-1.

    Ainsi,

    k=0n1k!=e-Inn+e.
 
Exercice 10  1993   Correction  

Pour n, on pose

In=1e(ln(x))ndx.
  • (a)

    Calculer I0 et I1.

  • (b)

    Établir une relation liant In et In+1.

  • (c)

    En déduire que

    n, 0<In<en+1.
  • (d)

    Déterminer la limite puis un équivalent simple de (In).

  • (e)

    Soit (un) une suite réelle définie par

    u0=aetn,un+1=e-(n+1)un.

    On suppose que aI0, montrer, en étudiant Dn=|un-In|, que |un|+.

Solution

  • (a)

    Directement I0=e-1 et

    I1=1eln(x)dx=[xln(x)-x]1e=1.
  • (b)

    Par intégration par parties,

    In+1 =1e(ln(x))n+1dx=[x(ln(x))n+1]1e-(n+1)1e(ln(x))ndx
    =e-(n+1)In.
  • (c)

    Par intégration d’une fonction continue, positive et non nulle, on a In>0.

    Puisque In+1>0, on a aussi In<en+1.

  • (d)

    Par encadrement In0.
    Puisque In+1=e-(n+1)In est de limite nulle,

    (n+1)Inn+e

    puis

    Inn+en+1n+en.
  • (e)

    On a

    Dn+1=(n+1)Dn

    donc Dn=n!D0.

    Si aI0 alors (Dn) tend vers + puis

    |un|Dn-Inn++.
 
Exercice 11  1996   Correction  

Pour n, on pose

un=01dx1+xn.
  • (a)

    Calculer u0,u1,u2.

  • (b)

    Montrer que (un) est une suite strictement croissante.

  • (c)

    Montrer que un1.

  • (d)

    Établir

    n*,01xndx1+xn=ln(2)n-1n01ln(1+xn)dx.
  • (e)

    Montrer que

    limn+01ln(1+xn)dx=0

    et en déduire que

    un=n+1-ln(2)n+o(1n).

Solution

  • (a)

    u0=1/2, u1=ln(2) et u2=π/4.

  • (b)

    On a

    un+1-un=01xn(1-x)(1+xn)(1+xn+1)dx

    or la fonction

    xxn(1-x)(1+xn)(1+xn+1)

    est continue, positive sans être la fonction nulle et 0<1 donc un+1-un>0.

  • (c)

    On a

    |un-1|=01xndx1+xn01xndx=1n+10

    donc un1.

  • (d)

    Par intégration par parties,

    In =01xxn-11+xndx
    =[1nxln(1+xn)]01-1n01ln(1+xn)dx
    =ln(2)n-1n01ln(1+xn)dx.
  • (e)

    On a

    001ln(1+xn)dx01xndx=1n+1n+0

    car il est connu que ln(1+t)t pour t>-1.
    On a alors

    01ln(1+xn)dxn+0

    donc

    un=1-01xn1+xndx=n+1-ln(2)n+o(1n).
 
Exercice 12  5214   Correction  

Soit n. En calculant de deux façons

In=01(1-t2)ndt

établir

k=0n(-1)k2k+1(nk)=4n2n+1(2nn)-1.

Solution

Soit n. Pour t[0;1], la formule du binôme de Newton donne

(1-t2)n=k=0n(nk)(-t2)k=k=0n(-1)k(nk)t2k.

Par linéarité de l’intégrale, on obtient un premier calcul

In =01k=0n(-1)k(nk)t2kdt=k=0n(-1)k(nk)01t2kdt
=k=0n(-1)k(nk)[t2k+12k+1]01=k=0n(-1)k2k+1(nk).

Méthode: Un second calcul est possible en formant une relation de récurrence sur les termes de la suite (In).

Soit n*. On pose

u(t)=tetv(t)=(1-t2)n.

Les fonctions u et v sont de classe 𝒞1 sur [0;1] et la formule d’intégration par parties donne

In=[t(1-t2)n]01=0-01t×n(-2t)(1-t2)n-1dt=2n01t2(1-t2)n-1dt.

Dans l’intégrale obtenue, on écrit astucieusement t2=1-(1-t2) et l’on obtient

In=2n01((1-t2)n-1-(1-t2)n)dt=2n(In-1-In).

On en déduit la relation de récurrence

In=2n2n+1In-1pour tout n*.

Par celle-ci, on peut exprimer In en fonction de In-1, de In-2, etc. puis de I0:

In =2n2n+12(n-1)2n-1In-2
=2n2n+12(n-1)2n-1××23I0.

Un calcul immédiat donne I0=1 et l’on obtient l’écriture

In=(2n)(2n-2)××2(2n+1)(2n-1)××3.

On sait exprimer un produit d’entiers pairs et d’entiers impairs à l’aide de nombres factoriels ce qui donne

In=22n(n!)2(2n+1)!=4n2n+1(2nn)-1pour tout n.

Les deux expressions de In produisent la formule annoncée.

 
Exercice 13  5436     MINES (MP)Correction  

Pour n, calculer

In=0πcos(nx)2+cos(x)dx.

On pourra admettre I0=π/3.

Solution

Pour n* et x[0;π], on sait

cos((n+1)x)+cos((n-1)x)=2cos(x)cos(nx)

et donc

cos((n+1)x)+4cos(nx)+cos((n-1)x)=(2cos(x)+4)cos(nx).

On en déduit

In+1+4In+In-1=0π2cos(nx)dx=0.

La suite (In) est récurrente linéaire d’ordre 2 d’équation caractéristique

r2+4r+1=0

de racines -2+3 et -2-3. Il existe donc λ,μ tels que

n,In=λ(-2-3)n+μ(-2+3)n.

Il reste à calculer λ et μ à partir de I0 et I1.

D’une part, le changement de variable t=tan(x/2) donne

I0=0πdx2+cos(x)=0+dt3+t2=π3.

D’autre part,

I1=0π2+cos(x)-22+cos(x)dx=0πdx-2I0=π-2π3.

On peut alors déterminer λ et μ:

λ=0etμ=π3

et conclure

n,In=(-1)nπ3(2-(3))n.
 
Exercice 14  1995    

Soient n et θ]0;π[.

  • (a)

    Justifier que l’on peut donner un sens à

    In=0πcos(nt)-cos(nθ)cos(t)-cos(θ)dt.
  • (b)

    Exprimer In+1+In-1 en fonction de In pour n1.

  • (c)

    En déduire la valeur de In.

 
Exercice 15  2981      X (MP)Correction  

Déterminer un équivalent lorsque n+ de

In=01(t1+t2)ndt.

Solution

On a

2nIn=01(2t1+t2)ndt

où l’on remarque que la fonction t2t/(1+t2) croît de [0;1] sur [0;1].
Introduisons

Jn=0121+t2(2t1+t2)ndt=t=tan(x/2)0π/2(sin(x))ndx.

On sait

Jnn+π2n

via nJnJn+1=π/2 et JnJn+1 (cf. intégrales de Wallis). Montrons 2nInJn en étudiant la différence

Jn-2nIn=011-t21+t2(2t1+t2)ndt.

On a

0011-t21+t2(2t1+t2)ndt0121+t21-t21+t2(2t1+t2)ndt

et le changement de variable t=tan(x/2) donne

0011-t21+t2(2t1+t2)ndt0π/2cos(x)(sin(x))ndx=1n+1.

On peut alors affirmer

2nIn-Jn=n+o(1n)

puis

2nInn+π2n

et finalement

Inn+π2n2n.

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Édité le 21-09-2023

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